Les gorilles veulent
avoir une force prodigieuse et les perruches veulent voltiger de charme. Pour atteindre
leur but, ont-ils conscience de leur réelle capacité et de leur limite? Pour une
qui prend son auto pour se rendre à son tapis roulant pour marcher, l’autre
quitte rapidement le tintamarre de l’usine pour pédaler sur son vélo
stationnaire, pendant qu’il s’achève les tympans avec son baladeur! Cherche-t-on
à tromper le mal par un autre mal? Certains gorilles, attifés pour le Tour
de France, vont courir sur la piste de randonnée avec le plus grand sérieux du
monde, sans sourire évidemment, puisqu’il n’y a pas d’amusement! En l’absence
de sensations agréables, les muscles sont mal hydratés et mal alimentés parce
que les systèmes nerveux et lymphatiques profonds sont contrariés et tendus.
La perruche picore deux trois graines, regarde son plumage dans le miroir et bat des ailes pour attirer l’attention. Pouvons-nous être aussi désemparés, pour croire que l’animal que nous sommes doit se soumettre à un régime pour mériter son bonheur.
Quand on ressent une douleur, le corps manifeste le besoin d’un changement, comme augmenter les périodes de repos ou diminuer la consommation de certaines nourritures. L’individu qui a cultivé cette sensibilité sait que son corps se rétablit de lui-même, continuellement, mais patiemment. Quand le signal du malaise s’estompe, c’est que le processus a abouti.
Si un organe de madame Perruche est perturbé, elle a bien des chances d’être agitée. Son impatience pourrait la mener à l’automutilation. Si monsieur Gorille ne pense qu’à gonfler ses muscles, il gagne en épaisseur, mais perd en confort. Les pectoraux cuirassés compriment la respiration, et le ventre plat indique l’absence de décontraction et l’existence de la constipation. Le gorille a beau souhaiter se faire bêcher les muscles, le massage n’est pas fait pour ça. L’autoguérison est inaccessible en mutilant ou en esthétisant. Si la perruche ne veut pas se faire décoiffer ni démaquiller, elle n’est pas à la bonne table. La détente passe par l’abandon.
Le dépassement de soi n’appartient pas à la performance, il appartient à la patience. Si je suis vivant, c’est qu’il y a une force vitale en moi. J’observe, je développe mon attention et me nourrit de ce qui m’entoure, de ce qui fait plaisir à mes sens. J’assimile sans effort. Pour le gorille, fondamentalement pacifique, et la perruche foncièrement joviale, le désir d’être meilleur que l’autre n’existe pas. Je m’améliore parce que je suis conscient d’évoluer, ainsi je m’apprécie, je m’aime et ensuite… je partage cet amour avec autrui.
Si la bête à penser
s’en remet à son ego pour l’orientation du cours de sa vie, elle s’inquiétera
du passé et de l’avenir, dans un présent inexistant. Ne pas se laisser happer
par le rythme effréné du quotidien en prenant le temps de recevoir un massage
est devenu aujourd’hui un exploit. Chacun est différent et vit selon une
organisation qui lui est propre. Le gorille gère son rapport avec son
environnement différemment de celui de la perruche. Pour peu qu’il existe un protocole,
il établirait la règle d’être en accord avec sa nature, la manière de vivre la
plus simple.
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