Alexandra se tortille sur la table. N’en
pouvant plus, elle me supplie d’aller au petit coin. Je sors donc de la salle
pour la laisser enfiler le peignoir, je n’ai pas le temps de refermer la porte
qu’elle me double en courant à petits pas vers les toilettes. Comme elle a un
cou mince et allongé, et que les raideurs se situaient principalement à gauche,
je soupçonnais une faiblesse au poumon gauche et au viscère complémentaire
qu’est le gros intestin. Aussitôt de retour, je complète son massage du cou.
—
Ben dit donc, me dit
Alexandra ! J’ai cru que j’allais me vider la panse à la retourner comme
un vieux bas. Y a-t-il un lien entre le déblocage inopiné de mes intestins et
le pétrissage de la nuque, ou est-ce seulement une coïncidence? Si je me fais
un massage du cou, est-ce que je peux m’attendre au même résultat?
Non
Alexandra, puisque c’est le massage du corps entier qui engendre le relâchement.
Reste que l’action de détendre le cou dispose à percevoir et désamorcer les autres
tensions du corps.
—
Est-ce que je peux faire des pincements comme
vous m’avez fait?
Idéalement
on fait ces pincements sur une personne allongée. Les muscles du cou se
décontractent, alors que l’automassage a ses limites puisqu’il sollicite la
contraction des muscles de vos bras et de vos épaules. S’abandonner à un
massage permet au masseur d’arriver à détendre l’ensemble de la structure du
corps pour permettre la décongestion des systèmes organiques.
—
Pourtant, je me sentais détendue
avant que vous en arriviez au cou !
Cette
détente devait être superficielle puisqu’étant allongée sur le dos, l’arrière
de votre tête étant appuyé, votre mâchoire demeurait fermée, donc tendue. Vous
savez Alexandra, tous les courants énergétiques passent par le cou et cette
partie du corps est délicate. Pourtant, elle soutient la partie la plus lourde,
la tête. Imaginez seulement cette scène cocasse ou quelqu’un s’assoupit. La
tête tombe et de drôles de réflexes nerveux cherchent à compenser l’indolence
du système musculaire. Le poids de la tête demande un travail constant de la
musculature, c’est-à-dire qu’à chaque mouvement de tout le corps, les vertèbres
du cou sont réquisitionnées. Un mal de genou, par exemple, impose au corps un
réalignement continuel lorsqu’il est en position verticale. Le bassin, les
vertèbres lombaires et les côtes s’ajustent. Si on exagérait le mouvement du
corps, il se comparerait à un équilibriste portant une longue pile d’assiettes,
cherchant le meilleur alignement possible.
Pouvez-vous me tirer la langue?
Alexandra me regarde tout étonnée, se
demandant si je plaisante. En exécutant sa grimace, sa langue a tendance à
s’allonger vers la gauche. Des raideurs subsistent donc du même côté. Ma main repère
les raideurs et définit une trajectoire qui remonte les parcours encombrés et
aide la décongestion. C’est le corps qui fait ce patient travail.
Alexandra tient son
ventre au chaud avec ses mains et son sourire en dit long.
—
J’ai surtout apprécié la décongestion
de mes intestins, me dit-elle. J’ai la sensation d’être détendue et de profiter
de la m…assothérapie jusqu’au cou.
1 commentaire:
Les commentaires relatifs aux chroniques des saisons dernières ont été désactivés.
Enregistrer un commentaire