Translate

mardi 1 octobre 2024

DANS LA M…JUSQU’AU COU

 

 

   Alexandra se tortille sur la table. N’en pouvant plus, elle me supplie d’aller au petit coin. Je sors donc de la salle pour la laisser enfiler le peignoir, je n’ai pas le temps de refermer la porte qu’elle me double en courant à petits pas vers les toilettes. Comme elle a un cou mince et allongé, et que les raideurs se situaient principalement à gauche, je soupçonnais une faiblesse au poumon gauche et au viscère complémentaire qu’est le gros intestin. Aussitôt de retour, je complète son massage du cou.

 

    Ben dit donc, me dit Alexandra ! J’ai cru que j’allais me vider la panse à la retourner comme un vieux bas. Y a-t-il un lien entre le déblocage inopiné de mes intestins et le pétrissage de la nuque, ou est-ce seulement une coïncidence? Si je me fais un massage du cou, est-ce que je peux m’attendre au même résultat?

Non Alexandra, puisque c’est le massage du corps entier qui engendre le relâchement. Reste que l’action de détendre le cou dispose à percevoir et désamorcer les autres tensions du corps.

     Est-ce que je peux faire des pincements comme vous m’avez fait?

Idéalement on fait ces pincements sur une personne allongée. Les muscles du cou se décontractent, alors que l’automassage a ses limites puisqu’il sollicite la contraction des muscles de vos bras et de vos épaules. S’abandonner à un massage permet au masseur d’arriver à détendre l’ensemble de la structure du corps pour permettre la décongestion des systèmes organiques.

    Pourtant, je me sentais détendue avant que vous en arriviez au cou !

Cette détente devait être superficielle puisqu’étant allongée sur le dos, l’arrière de votre tête étant appuyé, votre mâchoire demeurait fermée, donc tendue. Vous savez Alexandra, tous les courants énergétiques passent par le cou et cette partie du corps est délicate. Pourtant, elle soutient la partie la plus lourde, la tête. Imaginez seulement cette scène cocasse ou quelqu’un s’assoupit. La tête tombe et de drôles de réflexes nerveux cherchent à compenser l’indolence du système musculaire. Le poids de la tête demande un travail constant de la musculature, c’est-à-dire qu’à chaque mouvement de tout le corps, les vertèbres du cou sont réquisitionnées. Un mal de genou, par exemple, impose au corps un réalignement continuel lorsqu’il est en position verticale. Le bassin, les vertèbres lombaires et les côtes s’ajustent. Si on exagérait le mouvement du corps, il se comparerait à un équilibriste portant une longue pile d’assiettes, cherchant le meilleur alignement possible.

 Pouvez-vous me tirer la langue?

 Alexandra me regarde tout étonnée, se demandant si je plaisante. En exécutant sa grimace, sa langue a tendance à s’allonger vers la gauche. Des raideurs subsistent donc du même côté. Ma main repère les raideurs et définit une trajectoire qui remonte les parcours encombrés et aide la décongestion. C’est le corps qui fait ce patient travail.

Alexandra tient son ventre au chaud avec ses mains et son sourire en dit long.

    J’ai surtout apprécié la décongestion de mes intestins, me dit-elle. J’ai la sensation d’être détendue et de profiter de la m…assothérapie jusqu’au cou.

 



 


1 commentaire:

Maude a dit…

Les commentaires relatifs aux chroniques des saisons dernières ont été désactivés.