Le
choix d’une huile qui vous correspond peut paraître compliqué. En réalité, c’est l’odeur
qui vous aidera à évaluer la pertinence du choix et des préférences. L’important
c’est que l’huile soit chémotypée et biologique. En les combinant, il est
possible de mettre au point des synergies aromatiques inédites dont les vertus
et propriétés répondent à des besoins ciblés comme, par exemple, le
renforcement des défenses immunitaires, la relaxation, la stimulation et le
soulagement de douleurs. Les odeurs atteignent rapidement notre cerveau. Comme
dans un massage, les arômes sont directement perçus par le cerveau archaïque
sans l’intervention perturbatrice du mental concret. Comme une odeur ne
s'oublie jamais, elle exerce une influence considérable sur l’état d’esprit. Lorsqu'elle est agréable, c'est qu'elle
éveille et établit un lien avec la satisfaction et le plaisir. Cette stimulation
devient multisensorielle et accompagne l'harmonie vibratoire qui peut aller
jusqu’à dissoudre les blocages énergétiques.
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mercredi 30 octobre 2024
EST-CE LE TEMPS DU CHANGEMENT D'HUILE
vendredi 25 octobre 2024
MASSER COMME UNE BANANE OU COMME UN OEUF
Liang Wong, 82 ans, vient se faire masser chaque saison. Il pointe les parties du corps qui sont contrariées et imite le son de la déficience, comme un instrument désaccordé. Lorsque la dysfonction d’un organe est plus complexe, il m’explique en détail, ayant oublié que je ne comprends pas le xiang. À l'appui des indications rapportées, je griffonne sur sa fiche individuelle; ventre dur, nuque tendue, poumon droit faible. J’avais noté sa jubilation lorsque je lui massais la nuque et son grand sourire quand je lui secouais les jambes.
Aujourd’hui, Liang Wong a quelque chose d'important à dire, il souhaite s’exprimer autrement que par gestes. Disons plutôt, moins de gestes que d’habitude. Sa petite-fille Kim, 29 ans, l’accompagne comme elle le faisait à ses premières visites, il y a plusieurs années. Elle m'avait raconté l'accident de son grand-père lorsqu'il était jeune agriculteur près de Shaoshan. Il s’était cassé l’humérus droit, en tombant de son âne affolé par un coup de tonnerre. Il aimait se faire masser depuis, à chaque pleine lune, et encourageait ses enfants, devenus adultes, de faire la même chose. En 1982, la fille de Liang Wong a immigré au Québec avec son amoureux montréalais qui a fini ses études en médecine traditionnelle à l'université de Hunan. Leur fille Kim est née la même année. Le grand-père est venu rejoindre la famille en l'an 2000.
Liang
Wong raconte qu’il arrive de Changsha où se sont déroulées les funérailles de son
frère, me traduit Kim. Il a profité de son séjour pour retourner au studio de massage de la rue Jy-Fang.
—
J'ai eu le désagrément de me faire
masser par une banane, dit Liang.
Kim
n'étant pas certaine de comprendre, demande à son grand-père s'il s'agissait
d'un massage à la crème de banane comme ces extravagances au chocolat, ou
d'amusantes frictions avec le fruit. Liang fait signe que non. Une banane,
c'est un Oriental avec un comportement de blanc. La banane en question, me
décrit-il, portait une veste de pharmacien à manches longues et sentait le
parfum à cinq sous. Il avait à son poignet droit une énorme montre-bracelet multifonctionnelle,
à laquelle il portait plus attention qu'à son client. Il était bavard et
prétentieux. Puis, en secouant ces deux mains jointes, Liang me dit:
—
Finalement, j'ai été prendre un
thé avec le seul ami encore vivant du canton. Lui aussi trouvait qu'il n'y
avait plus de masseurs comme dans le temps.
Des
voisins de table se sont mêlés à la discussion. Tout le monde s’accordait à
dire que cet art était devenu un métier réglementé et banalisé. L’un d’entre
eux déplorait aussi le fait que les critères économiques supplantent les
critères de qualité dans les écoles de massage.
Dans les forfaits voyage, est souvent incluse
une séance de massage traditionnel. L'autocar débarque le troupeau de voyageurs
dans une grande salle ou une armée de masseuses massent dans une ambiance de
basse-cour. La presse se fait largement l'écho de la dénaturation du métier.
—
Ce n’est qu’à ma retraite, en
retrouvant ma fille et mes petits-enfants déjà grands que j’ai renoué avec le
vénérable massage, chez vous, à Montréal.
Puis en déployant ses bras, et en s'adressant
à Kim, il précise:
—
Le massage est une relation qui
transcende la dimension du corps et par conséquent guérit les blessures les
plus anciennes et déploie les forces les plus inaccessibles.
Puis Liang
se retourne vers moi et rapproche ses doigts de la main droite pour former un
ovale et écarquille les yeux.
— Vous êtes un œuf comme ma petite-fille. Vous êtes blanc à l’extérieur, mais jaune à l’intérieur. Votre aura est sensible et votre cœur est riche. Comme ma petite-fille vous êtes habile de vos mains. (Kim gagne sa vie comme sculpteure de fruits et légumes pour les buffets de prestige.) Quand je me retrouve sur votre table, je suis en liaison avec mon vécu. Un corps est l'histoire de son accomplissement, de ses amours, de la terre qui l'a nourri, des générations qui l'ont précédé. La main qui sait écouter son souffle, ses rires et ses pleurs sait rejoindre son énergie profonde. Et soudain, il se retourne et regarde sa petite-fille en lui prenant les mains.
Ce dernier échange ne m'a été traduit que plus
tard, Kim étant muette d’étonnement.
—
Même si je ne t’ai pas vu grandir,
nous nous connaissons bien. Je te remercie de ton initiative de m’avoir fait
connaître ce masseur, mais aujourd’hui c’est toi que je veux remercier avec
tout mon cœur et t’exprimer à quel point, je suis fier de toi. Avant je me retrouvais sur sa table pour me
téléporter à ma terre natale. Maintenant,
j'y suis en liaison avec mon vécu, je suis chez moi. Les
yeux de Kim sont devenus humides. Et Liang d'ajouter: Ce que je ne t'avais pas dit, c'est que c'est
moi qui t'amène te faire masser aujourd'hui.
mercredi 23 octobre 2024
PROTOCOLE DE MASSAGE POUR GORILLES ET PERRUCHES
Les gorilles veulent
avoir une force prodigieuse et les perruches veulent voltiger de charme. Pour atteindre
leur but, ont-ils conscience de leur réelle capacité et de leur limite? Pour une
qui prend son auto pour se rendre à son tapis roulant pour marcher, l’autre
quitte rapidement le tintamarre de l’usine pour pédaler sur son vélo
stationnaire, pendant qu’il s’achève les tympans avec son baladeur! Cherche-t-on
à tromper le mal par un autre mal? Certains gorilles, attifés pour le Tour
de France, vont courir sur la piste de randonnée avec le plus grand sérieux du
monde, sans sourire évidemment, puisqu’il n’y a pas d’amusement! En l’absence
de sensations agréables, les muscles sont mal hydratés et mal alimentés parce
que les systèmes nerveux et lymphatiques profonds sont contrariés et tendus.
La perruche picore deux trois graines, regarde son plumage dans le miroir et bat des ailes pour attirer l’attention. Pouvons-nous être aussi désemparés, pour croire que l’animal que nous sommes doit se soumettre à un régime pour mériter son bonheur.
Quand on ressent une douleur, le corps manifeste le besoin d’un changement, comme augmenter les périodes de repos ou diminuer la consommation de certaines nourritures. L’individu qui a cultivé cette sensibilité sait que son corps se rétablit de lui-même, continuellement, mais patiemment. Quand le signal du malaise s’estompe, c’est que le processus a abouti.
Si un organe de madame Perruche est perturbé, elle a bien des chances d’être agitée. Son impatience pourrait la mener à l’automutilation. Si monsieur Gorille ne pense qu’à gonfler ses muscles, il gagne en épaisseur, mais perd en confort. Les pectoraux cuirassés compriment la respiration, et le ventre plat indique l’absence de décontraction et l’existence de la constipation. Le gorille a beau souhaiter se faire bêcher les muscles, le massage n’est pas fait pour ça. L’autoguérison est inaccessible en mutilant ou en esthétisant. Si la perruche ne veut pas se faire décoiffer ni démaquiller, elle n’est pas à la bonne table. La détente passe par l’abandon.
Le dépassement de soi n’appartient pas à la performance, il appartient à la patience. Si je suis vivant, c’est qu’il y a une force vitale en moi. J’observe, je développe mon attention et me nourrit de ce qui m’entoure, de ce qui fait plaisir à mes sens. J’assimile sans effort. Pour le gorille, fondamentalement pacifique, et la perruche foncièrement joviale, le désir d’être meilleur que l’autre n’existe pas. Je m’améliore parce que je suis conscient d’évoluer, ainsi je m’apprécie, je m’aime et ensuite… je partage cet amour avec autrui.
Si la bête à penser
s’en remet à son ego pour l’orientation du cours de sa vie, elle s’inquiétera
du passé et de l’avenir, dans un présent inexistant. Ne pas se laisser happer
par le rythme effréné du quotidien en prenant le temps de recevoir un massage
est devenu aujourd’hui un exploit. Chacun est différent et vit selon une
organisation qui lui est propre. Le gorille gère son rapport avec son
environnement différemment de celui de la perruche. Pour peu qu’il existe un protocole,
il établirait la règle d’être en accord avec sa nature, la manière de vivre la
plus simple.
samedi 19 octobre 2024
CES VIEILLES BLESSURES ÉMOTIONNELLES
La solitude est le pire ennemi pour la personne qui a vécu un abandon durant son enfance, car elle a peur d’être rejetée. Même adulte cette blessure profonde implique l’exclusion involontaire de notre intérieur et génère le sentiment d’humiliation. Nous pensons que les autres nous désapprouvent et nous critiquent. Avoir souffert de la crainte du manque de confiance ou de trahison, construit des personnes manipulatrices qui veulent tout contrôler pour se protéger. Les conséquences directes sont la rigidité mentale et corporelle. L’un ne va pas sans l’autre. L’écoute de son corps nous permet de mettre en place une mécanique d’autoguérison. C’est une relation qui transcende la dimension du corps et par conséquent soigne les blessures les plus anciennes et déploie les forces les plus inaccessibles. Face à toute pathologie du stress, la première chose est de retrouver une conscience distinctive du corps. Il est indispensable de retrouver une base de confiance et d’estime de soi avant de chercher à modifier un comportement. Des connexions neuronales peuvent être créées par le toucher en diversifiant les informations sensorielles associées au trauma. Il est donc possible d’inverser la valeur émotionnelle de certains souvenirs. Le massage holistique, tel que le Heza, peut avoir des effets extrêmement bénéfiques pour la santé.
jeudi 17 octobre 2024
ZITA SE MET À NU
Zita a découvert depuis sa navette orbitale et par l'intermédiaire de son cerveau numérique que les terriens peuvent demeurer fonctionnels et autonomes grâce aux soins attentifs de leur corps prodigués par la massothérapie. Même que certains humanoïdes utilisent leur sensibilité pour apprécier et jouir de la vie sans module de télécommunication. Bip!
L'androïde a un petit quelque chose d'humain malgré son costume fluorescent et son visage pixelisé. En service, ses doigts sont toujours occupés au clavier de son ordinateur moléculaire. C’est grâce à son poste de direction qu’elle peut avoir accès aux périphériques androïde et humanoïde. Elle a ainsi appris que Masser n'est pas avaler une "masse" de produits chimiques pour lubrifier les circuits énergétiques, mais plutôt une science qui étudie les métabolismes humains et la détente des systèmes organiques pour donner libre cours à l'énergie régénératrice. Vroum!
Zita me demande où elle peut éteindre son tube de fumée. Sa bouche rouge m'indique d'ailleurs une combustion interne élevée. Il s'en échappe des sons que j'interprète comme un langage. Je saisis, dans son sifflement, qu'elle souhaite inverser sa transmutation. Elle a repéré le mot "friction" dans son fichier sur le massage et, justement, elle me communique qu'elle a des frictions avec la nourriture, frictions avec l'amour, frictions avec son âme, frictions avec son corps. Là-dessus, ces globes oculaires gonflent et s'inondent d'un liquide luminescent. Snif!
Une trop grande dépense d'E=Mc2 surchauffe les circuits et une douche d'H2O amorcerait bien la séance. Elle s'engloutit dans la salle de bain pour enlever sa tenue spatiale et son gréement. Cela me permet de compléter sa fiche et de démêler mon questionnaire qui me révèle que, jusqu'à maintenant, ça va pas pire, mais qu'après tout, ça va très mal ??? Une alarme intergalactique se fait entendre. A-t-elle pris ma douche pour une cabine de télé transportation ? Un bruit de quincaillerie me fait sursauter. Elle a probablement échappé une pièce de son scaphandre. Ça remue, ça brasse puis enfin l'alarme cesse. Peut-être vient-elle de son téléphone cellulaire? Cependant des gloussements se confondent avec des gargarismes entrecoupés de farouches expectorations. Peut-être que l'eau n'est pas compatible avec son rayonnement électromagnétique ? Bloug.
En matière de corps humain, je m'y connais, mais les androïdes ont quelquefois des composantes inattendues. Le décryptage d'un corps radioactif requiert une prudence certaine. Elle est donc étendue sans se couvrir sur la table comme si cela signifiait; irradiez mon corps, transmutez-moi. J'estime qu'elle a, à peu près, 134 ans, un siècle de trop consignerai-je plus tard ! En déposant mes mains sur son sacrum, se révèle à moi une créature inconnue. J'ai bien repéré quelques cicatrices, mais ce ne sont pas des implants bioniques. Sous mes yeux, j'observe la métamorphose de la couleur et de la texture de sa peau. Je constate d'abord qu'elle appartient bien à notre planète. Mes mains détectent les blocages. Je reconnais un cas de surmenage. Le cerveau aussi semble épuisé. Pschitt.
Deux mois plus tard, Zita m’envoie un courriel intergalactique.
Cher masseur,
J'ai beau œuvrer dans une autre galaxie, je prépare ma prochaine expédition dans la vôtre. J'ai un plaisir fou à opérer le clavier cette semaine. J'ai pris l'habitude d'écrire dans votre langage pour mettre des mots sur mes sensations. Puis tout à coup, je me suis dit que je vous devais bien quelques précisions, pour vos notes de bord. Je ne sais si c'est le massage qui m'ouvre les hublots, mais il est clair que je découvre un autre monde. La vie est chouette quand il s'agit de vos frictions. Ce mot me fait sourire maintenant. Il adoucit mes échecs, accompagne mon coeur affligé et me rappelle de modérer mes transports cosmiques. Je me rappelle soudain de lointains beaux souvenirs de tendresses et de divines odeurs. J'avoue être un enfant de la terre, et mes plus grands bonheurs sont de ressentir ce qui ressemble tant aux mains sécurisantes de mon père ou de jouer à être bercée comme un bébé, par ma maman. J'admets que mes grands malheurs étaient de garder mes distances et de ne pas trop manifester d'enthousiasme quand il s'agissait de mon bonheur personnel. Je comprends que mes sens ont un sens. J'ai envie de vivre, ma vie de
Chère Zita, bienvenue à bord. Vous n'êtes désormais plus un clone de la productivité. Ce que vous ressentez est une déprogrammation de la perception du regard des autres et de la performance. Vos prochaines excursions vous révéleront que vous pouvez, même, survivre au trop-plein d'affections et au trop-plein de frictions.
mardi 15 octobre 2024
HÉMORROÏDES EN TAXI
J’entre dans le taxi, une femme est au
volant.
—
D’après l’odeur, je gage que vous
venez de vous faire masser, me dit-elle.
Je lui réponds que c’est moi le masseur et que
je me rends au gym au coin des boulevards Laurier et Saint-Laurent. Je
m’empresse de lui indiquer le chemin : par Des Carrières vous allez
chercher St-Denis et tournez à droite au boulevard St-Joseph.
—
He, ho ! Je connais mon
métier, pas besoin de m’indiquer la route. Vous êtes nerveux pour quelqu’un qui
vient de se faire masser.
—
Non, c’est que d’habitude c’est
moi qui suis au volant, je connais donc le meilleur chemin et c’est MOI qui massais,
c’est pour cela que ça sent les huiles essentielles.
—
Ah bon! Je disais ça parce que l’autre
jour, il y avait un client, venu se faire masser chez vous, qui a atomisé mon
taxi. Par contre, si c’est vous le masseur qui massez, c’est que vous êtes le Pierre
du blogue Masso Mondo. Je trouve ça cool !
—
Tournez ici !
— Ouais, ouaiiis, je sais!
Je ne peux faire autrement que de vérifier sa petite photo sur l’afficheur. Son permis m’indique qu’elle est chauffeuse depuis 2010. Sandrine Moulin a la bouille du connaisseur, celle qui sait tout, enfin…presque. Je dirais, pour vous situer, qu’avec ces petites lunettes rondes et son petit bonnet blanc, elle ressemble à un mélange de Gandhi et de la schtroumpfette. D’après le débit de son monologue, elle mérite bien son nom de famille.
—
Dites donc, ce qu’il en circule du monde à votre cabinet de massage, on dirait
l’ONU. Il y vient des gens de toutes les couleurs et de toutes les tailles. À
propos, la semaine dernière, une femme enceinte qui sortait de chez vous est
monté à bord. Elle avait de la difficulté à s’asseoir. Je lui ai dit :
Vous n’allez pas accoucher dans mon taxi toujours. Elle m’a rassuré en expliquant
sa posture bizarre à cause de ses hémorroïdes. Vous auriez dû demander au
masseur de s’occuper de ça, que je lui dis à la blague – C’est en plein ce qu’il
a fait, qu’elle me répond. Vous me charriez, ma parole! Elle me disait que c’était
l’augmentation de sa pression sanguine et ces problèmes de constipation qui
faisait ça.
— Tout à fait madame. C’est effectivement quand
le foie fonctionne mal que la pression du sang dans les veines s’accroît, ce
qui entraîne un renflement douloureux des veines du rectum et de l’anus. Je
m’occupe donc, de son foie et de son système digestif.
—
Oui mais moi je n’ai pas de
problème de pression ou de constipation et je commence à avoir le fion qui me
démange.
—
Tournez à droite toujours.
— Ouais, ouaiiis, je sais!
Le taxi est
confortable et si Sandrine entretien bien son véhicule, elle entretien encore
mieux la conversation.
—
Moi, je pense que la banane me
fait du bien.
—
J’espère que vous l’enlevez quand
vous marchez, que je lui réplique.
Elle donne un p’tit
coup d’frein et me fixe dans le rétroviseur.
—
C’est pas ça que j’veux dire!
—
Non, je sais, moi aussi je blague, vous savez !
Il faut manger en respectant le sens du goût et pour goûter, il ne faut pas
trop épicer vos aliments.
—
Moi, je n’épice pas beaucoup, à
part le sel et le poivre, évidemment.
DE SAINT-FIACRE À
SAINT-LAURENT
—
Vous savez Sandrine, le fait d’être
assise à longueur de jour, est un facteur important.
—
Mais comment ce fait-il que vous
savez mon nom?
—
Il est écrit sous la photo de
votre permis.
— Ah oui, c’est vrai. Alors, je peux vous appeler Pierre. Moi aussi j’ai retenu votre nom inscrit sur la plaque chez vous.
— Est-ce que vous avez un siège chauffant? C’est dommageable pour le bassin.
— Ouais !
— Qu’est-ce que vous faites comme activités physiques ?
— Je n’ai pas le temps.
— Est-ce que vous buvez régulièrement?
Elle a tourné la
tête automatiquement vers le porte-gobelet sous le tableau de bord.
—
J’ai toujours un café ici, j’ai
même le réchaud qui se branche dans l’allume-cigarette.
—
Alors, il ne vous reste plus qu’à
brûler un lampion à Saint-Fiacre. Il est non seulement patron des chauffeurs de
taxi, mais on l’invoque aussi pour les problèmes d’hémorroïdes.
Elle jette, une
fois de plus, un regard dans le rétroviseur, se méfiant de mon humour.
—
Gardez votre droite, à cette
heure-ci la voie est dégagée.
— Ouais, ouaiiis, je sais !
—
Ce qui m’apparaît important pour
vous, c’est de tonifier les muscles du bassin et de drainer la lymphe des
jambes particulièrement. Votre côté gauche est paresseux. Il n’y a que votre
jambe droite qui est alerte pour le frein ou l’accélérateur et vous ne tenez le
volant que de votre main droite. Comme plusieurs chauffeurs de métier, vous
avez des prédispositions pour être candidate aux hémorroïdes. Vous ne pouvez
pas aller à la toilette quand vous voulez et quand vous y allez, vous vous
installez en lisant le journal. Ce qui fait, par exemple, que vous ne portez
pas attention à l’interpellation de vos muscles ou a retenir votre souffle
pendant le passage des selles.
Une fois de plus,
elle lève les yeux vers le rétroviseur. Mais cette fois-ci, c’est pour observer
l’autobus qui s’approche un peu trop de son véhicule.
—
Mais qu’est-ce qu’il a à me coller?
—
C’était ici Saint-Laurent!
—
Merde, j’ai passé tout droit, mille
excuses!
—
Il n’y a aucun moyen de revenir
sans faire de grand détour, débarquez-moi ici, je vais marcher.
Du coup, elle élève
la voix pour me crier
—
Merci, Monsieur Pierre pour votre
consultation!
—
N’hésitez pas si vous voulez un
massage, pour protéger vos arrières!
—
Ouais, ouaiiis, je sais!
lundi 14 octobre 2024
dimanche 13 octobre 2024
L'ODEUR SUGGESTIVE DU MASSAGE
Danielle fouille dans son sac. Une odeur de menthe artificielle s’en échappe. Elle développe une pastille et la fait disparaître en troussant ses lèvres. Son parfum au patchouli, et l’effluve de son savon de corps à la mandarine s’obstinent avec l’odeur amandée de sa crème à main. Ces odeurs sonnent faux sur elle, comme sur tant d’autres personnes s’imaginant nettes en sentant le naturel de laboratoire. La chair doit-elle être aseptisée et aromatisée comme l’impose la médecine marchande? Autant une personne utilise de produits, autant son champ de sensibilité rétrécit par l’effacement des odeurs organiques révélatrices. La désodorisation asphyxie la peau, gomme les fibres délicates et berne les messages sensitifs. Quelle est cette manie de nier notre animalité!
Au deuxième massage, Danielle a tenu compte de ses exhalaisons organiques. Elle abandonne cette manie de consommer du sent-bon. Une personne qui respire est une personne qui transpire, qui évacue. Sa peau s’exprime de plus en plus clairement. Comme elle ne met plus de produits alambiqués sur son corps, la peau ne s’englue pas lorsque je la pétris avec les huiles. Je sens que nous accédons à l’essentiel.
Danielle est allongée sur le ventre. La tête laisse émaner une odeur ambrée m’indiquant l’activation des fluides crâniens. Une odeur de pâte à pain émane de son cou et de ses clavicules et m’annonce que les glandes se manifestent avec vigueur. Si le système immunitaire était sur la défensive, son odeur serait plutôt acide, presque vinaigrée. L’odeur, c’est le corps avant le corps, l’émissaire évanescent qui annonce ma vraie nature.
Le rituel, de la mise en place sur la table, me permet de repérer les
autres effluves. En plaçant les coussins pour soutenir les pieds, la plante du
pied gauche détache une subtile odeur d’ammoniaque. Ce qui me suggère une éventuelle
attention pour le rein du même côté. La paume des mains sent la noisette, donc les poumons respirent en profondeur. La
peau de son dos est fine et sent le minéral, ou plutôt le sel, une
caractéristique de la fébrilité. Toutes ces odeurs se mettent en balance et, en
quelques secondes, se dissipent. Ce n’est pas tant l’odeur qui va se disperser
que mon odorat qui sature rapidement. Mais, je saisis les données et je
réplique avec les huiles essentielles appropriées.
Eva et carlos
Étant frère et sœur, leur tempérament se manifeste avec des polarisations analogues saupoudrées de distinctions. En l'occurrence, leur identité odoriférante dégage une empreinte caractéristique, malgré les analogies génétiques et alimentaires. Mise à part la senteur axillaire intense de mâle, l’émanation de Carlos apparaît d’abord fixée dans son corps. La moindre augmentation de température libère chez lui une vibration olfactive de carbone. C’est l‘exhalaison harmonique des sécrétions du corps et de l’huile utilisée. Une senteur dysharmonique de plomb indiquerait une inadéquation et un présage de problème de santé. Une personne incommodée par la senteur d’une huile essentielle signifie que cette chimie ne lui convient pas pour le moment. Si notre odorat est chatouilleux, cela signifie qu’il décèle des substances nuisibles à l’organisme. Un corps en déséquilibre se manifeste par des signaux sensoriels. Nous sommes alors hypersensibles aux moindres émanations de combustion, de solutions aigres ou caustiques. Une odeur est agréable parce qu’elle suscite des émotions positives. Si je dis: « Cela sent le bébé », vous allez penser à une odeur douce, caramélisée, pas à la vomissure et aux couches pleines. Le nez fuit illico une odeur funeste, comme il s’attarde à une senteur nourrissante qui dorénavant deviendra désirable. L’inhalation longue entraînera une respiration longue, et amènera plus d’oxygène, plus de détente.
Eva présente cette particularité, elle émet une vibration olfactive intense de couleurs différentes, selon son humeur. Elle se le fait dire souvent par son entourage. « Hum, qu’est-ce que tu sens? » Ou « On sait quand tu es passée par ici!... » Les remarques sont d’autant positives quand elle est dans la phase précédant son ovulation. L’odeur de l’autre est parfois une différence olfactive née de la nature de ses vêtements ou de ses accessoires. Mais généralement ses odeurs n’ont pas d’éclat. Aujourd’hui, la senteur d’Eva est vive et fraîche, je dirais même plus, ferreuse! Ne disons-nous pas une santé de fer. Elle insiste sur ce point : « Je n’utilise aucun produit à odeur notable. Je ne crois pas aux crèmes qui ont un pouvoir relaxant ou stimulant, si d’emblée vous n’êtes pas disposé à vous détendre. Je ne crois pas non plus aux vertus des huiles, si elles n’entrent pas en dialogue avec mes propres émanations. Eva est chef cuisinier. Son bagage olfactif fut d’abord ses souvenirs d’enfance. Les biscuits sortant du four, le lait, le chocolat, le beurre, les épices…Avec le temps, elle a cultivé cette sensibilité en y associant une gamme de sensations. On peut sentir chez elle une réaction spontanée aux huiles essentielles de fruits. Si le fruit prend du corps, c’est que l’huile est oblitérée par le système nerveux. Une émanation corporelle brouillonne indique que l’huile n’est pas appropriée. Si l’équilibre chimique s’établit, ses effluves seront nuancés, car l’épiderme absorbe. L’interaction se manifeste donc par une nouvelle émanation. Une peau muette par exemple, comme celle des personnes consommant trop de psychotropes, est également une peau sourde. Les alcooliques camouflent souvent leurs nuages faisandés en se parfumant comme un salon funéraire.
Une senteur trop expansive goutte me rétorque Eva. Mais j’aime prendre le risque d’être contrariée par une odeur, plutôt que de les empêcher d’éclore. Notre mère stérilisait tout. Rien n’échappait à l’eau bouillante et au savon. Même les torchons qui servaient à astiquer, effacer une fois pour toutes, les horribles micro-organismes. Elle était propre comme une pierre tombale.
Senteurs et émotions sont directement liées et l’odorat se différencie des autres sens par ses processus de perception de l’environnement et de mémorisation, parce qu’il est directement lié au cerveau limbique. Nous sentons toujours un souvenir, une ambiance, une image, une saveur, une texture. Le lilas et maman, les vieux livres, l’encre, la craie de la petite école.
Il est fascinant de découvrir que le toucher est le moyen le plus efficace
pour vous sensibiliser à l’éclosion de votre mémoire olfactive. Celle-ci influence
notre perception, même inconsciente de la réalité. Qui aurait pu dire qu’un
massage vous ferait sentir si bien!
samedi 12 octobre 2024
LE SEXE DU MASSAGE
Elena me demande
une massage pour demain. Je trouve qu'elle a raison de nommer « massage »
au féminin. Il n'y a rien de plus yin qu'une massage. D'ailleurs, massage est
du genre féminin en vietnamien, en allemand, en portugais et en plusieurs
autres langues. Et puis désigner massage au féminin, se situe bien dans le
prolongement d'une main et de la massothérapie.
Nous sommes
portés, à travers l'expérience que nous vivons, de nommer une chose selon l'identité
sexuelle que nous lui attribuons et le sexe se réfère davantage aux
caractéristiques biologiques. Dans notre culture, la langue vivante formule d'abord cette chose
en leur donnant un sens; un sens féminin ou masculin et souvent contraire à l'orthographe
grammaticale. Neurone et ulcère sont
masculins, comme le mot appendice, alors que cuticule et omoplate sont des noms
féminins. L'ouïe est un mot féminin comme l'odeur, mais l'odorat ne l'est pas!
Dites-vous un orteil ou une orteil? On
ne sait trop à quels genres se vouer, diront certains; à en faire de
l'urticaire (féminin ou masculin) diront
les autres. La confusion des genres détourne-t-elle l'esprit? Le
malaise se situe moins dans la grammaire française, déjà rongée par les vers
latins, que sur les étagères de l'académie où les mots ne sont que des paroles
écrites.
La langue a
évolué avec la pensée et la réflexion, mais elle a toujours eu de la difficulté
à exprimer la quintessence de l'anatomie fonctionnelle. On dirait que, plus une
langue est enrichie, plus on discute du sexe des anges. On émaille les verbes,
on adjective, ou superlative, mais les noms restent les même, comme si
l'évolution du langage parlé s'éloignait de la sensibilité vivante. Ce n'était
pas le cas des civilisations où l'apprentissage était principalement oral. Pour
les Tibétains, le langage et l'esprit n'existent qu'à travers le corps. Une
langue millénaire comme l'iroquois est très précise quand il s'agit des sens.
Les mots sont différents quand on parle de « toucher la peau » ou
toucher la peau d’un vêtement, toucher avec un outil ou un objet, même le sens
du goût passe d’abord par la texture et sa délicatesse s’appliquant à la
bouche, la lèvre, la langue et la gorge.
Nos parents et
nos proches nous ont attribué, selon notre sexe, des caractères émotionnels
différents. Ils influent puissamment sur la façon dont nous ressentirons et
surtout exprimerons ultérieurement nos émotions. Lorsqu'une émotion surgit, elle
suit les voies motrices, sensorielles, végétatives prédéterminées par la
physiologie. L'être humain en proie à la colère adopte une expression faciale
caractéristique, l'échine raide et la pupille fixe, comme l'animal prêt à
mordre. Les défaillances organiques se traduiront par un front plissé, une
paupière frétillante, un nez en sueur. Nous pouvons tous distinguer ces signaux
universels qui accusent notre joie, notre tristesse, notre dégoût, etc. Nous
avons hérité de ces connaissances. À la
suite d'un échec personnel ou d'un blâme porté contre nous, nous savons
dissimuler nos émotions et asservir notre corps. Il n'est pas rare que ce soit
après une longue hésitation, accablé de préoccupations, qu'on décide de se
faire masser. C'est d'ailleurs dans ce type d'effort, de masquer ces
sentiments, que se produisent, à long terme, les tensions les plus redoutables.
vendredi 11 octobre 2024
DANGER
Le masseur a été blessé en recevant un éclat de rire. Le client rigolo est mort sur le coup, d’une hémorragie interne provoquée par un puissant claquage de ses cordes vocales.
Il était vraiment beaucoup trop tendu!!!
mercredi 9 octobre 2024
CAPACITÉ INTELECTUELLE & MASSAGE
Notre capacité intellectuelle dépend
du bon fonctionnement interne de nos organes. Le système digestif, alimenté normalement
et régulièrement, produit toute la pharmacopée biochimique nécessaire à notre
détente et à notre épanouissement. Encore que, les principaux éléments qui
assurent une fluidité corporelle sont d’abord une respiration harmonieuse, une
cohérence cardiaque et enfin un équilibre émotionnel. Le massage transmet beaucoup
plus que la revitalisation des systèmes, il maintient l’homéostasie corporelle. Le corps assoupli et
sensibilisé, assimile et interprète la connaissance spontanée ou empirique des
sentiments et des idées. L’intelligence fluide contrôle les fonctions que la
médecine qualifie d’involontaires, telles la digestion et les pulsations
cardiaques. Croyez-vous qu’elle s’arrête là, l’intelligence fluide?
Un bon massage accroît les sécrétions digestives, liquéfie les mucosités
respiratoires, active la circulation sanguine et lymphatique, augmente
l’oxygénation des tissus, engendre la production des glandes sébacées, induit
la transpiration et favorise l’élimination des toxines. Les manipulations tonifiantes
permettent au corps en repos sur une table, calme et végétatif d’emmagasiner l’énergie
vitale. Il prend
conscience de sa propre existence, de sa pleine présence, ici maintenant,
inspiration après expiration, moment après moment. En augmentant l’activité
parasympathique, le massage entraîne une diminution du stress, une baisse du
cortisol sanguin et une amélioration de l’immunité. C’est toute la physiologie
du corps qui en bénéficie.
mardi 8 octobre 2024
L’AFFIRMATION DE SOI
Le besoin d’être touché ne peut dépendre uniquement d’une relation de couple. Si cette relation est exclusivement vécus dans la dépendance affective, elle est concurremment une source de confusion et de frustration, car le moindre signe de désaccord entre nos propres besoins et ceux de l’autre, de son humeur ou de sa disponibilité, fait craindre de perdre l’affection et la tendresse paradoxalement recherchées. Nous connaissons ces couples qui, une fois installés dans la conjugalité, limitent ou même abandonnent leurs anciens investissements, activités, relations, au profit d’une culture exclusivement centrée sur ce qu’ils peuvent partager et vivre ensemble.
Certaines personnes, prises dans un conflit de fidélité entre leur propre avenir et les traces de leur passé, peuvent même sacrifier inconsciemment leur devenir, pour répondre aux attentes du mari ou de leur mère. Pour sortir de cette emprise, la femme-fille s’échappe dans la production d’enfants, dans l’effacement du corps sexué, dans l’intellect. La nouvelle mère se rabat sur ses enfants pour vivre son besoin d’aimer et d’être aimée. La libido reste en jachère et toutes les formes d’énergie sont en attente. Combien de maux de ventre, de migraines et de mauvais fonctionnement de l’organisme viennent signaler l’émergence d’une tension psychoaffective demandant à être reconnue comme telle? Mais par qui? Comment peut-on défier la raison? C’est donc le corps qui doit parler.
La recherche intime de l’affirmation de soi passe par l’appréciation de son corps et de ses sensations, en toute quiétude.
jeudi 3 octobre 2024
INQUIÉTUDE
J’allais déposer les mains sur ses tempes quand soudain, elle ouvre les yeux et me dit;
- J’ai un
travail normal, une maison normale, un corps normal, mais j’ai toujours la
déprime
- Ne vous inquiétez pas madame,
je ne vous donnerai pas un massage normal.
mardi 1 octobre 2024
DANS LA M…JUSQU’AU COU
Alexandra se tortille sur la table. N’en
pouvant plus, elle me supplie d’aller au petit coin. Je sors donc de la salle
pour la laisser enfiler le peignoir, je n’ai pas le temps de refermer la porte
qu’elle me double en courant à petits pas vers les toilettes. Comme elle a un
cou mince et allongé, et que les raideurs se situaient principalement à gauche,
je soupçonnais une faiblesse au poumon gauche et au viscère complémentaire
qu’est le gros intestin. Aussitôt de retour, je complète son massage du cou.
—
Ben dit donc, me dit
Alexandra ! J’ai cru que j’allais me vider la panse à la retourner comme
un vieux bas. Y a-t-il un lien entre le déblocage inopiné de mes intestins et
le pétrissage de la nuque, ou est-ce seulement une coïncidence? Si je me fais
un massage du cou, est-ce que je peux m’attendre au même résultat?
Non
Alexandra, puisque c’est le massage du corps entier qui engendre le relâchement.
Reste que l’action de détendre le cou dispose à percevoir et désamorcer les autres
tensions du corps.
—
Est-ce que je peux faire des pincements comme
vous m’avez fait?
Idéalement
on fait ces pincements sur une personne allongée. Les muscles du cou se
décontractent, alors que l’automassage a ses limites puisqu’il sollicite la
contraction des muscles de vos bras et de vos épaules. S’abandonner à un
massage permet au masseur d’arriver à détendre l’ensemble de la structure du
corps pour permettre la décongestion des systèmes organiques.
—
Pourtant, je me sentais détendue
avant que vous en arriviez au cou !
Cette
détente devait être superficielle puisqu’étant allongée sur le dos, l’arrière
de votre tête étant appuyé, votre mâchoire demeurait fermée, donc tendue. Vous
savez Alexandra, tous les courants énergétiques passent par le cou et cette
partie du corps est délicate. Pourtant, elle soutient la partie la plus lourde,
la tête. Imaginez seulement cette scène cocasse ou quelqu’un s’assoupit. La
tête tombe et de drôles de réflexes nerveux cherchent à compenser l’indolence
du système musculaire. Le poids de la tête demande un travail constant de la
musculature, c’est-à-dire qu’à chaque mouvement de tout le corps, les vertèbres
du cou sont réquisitionnées. Un mal de genou, par exemple, impose au corps un
réalignement continuel lorsqu’il est en position verticale. Le bassin, les
vertèbres lombaires et les côtes s’ajustent. Si on exagérait le mouvement du
corps, il se comparerait à un équilibriste portant une longue pile d’assiettes,
cherchant le meilleur alignement possible.
Pouvez-vous me tirer la langue?
Alexandra me regarde tout étonnée, se
demandant si je plaisante. En exécutant sa grimace, sa langue a tendance à
s’allonger vers la gauche. Des raideurs subsistent donc du même côté. Ma main repère
les raideurs et définit une trajectoire qui remonte les parcours encombrés et
aide la décongestion. C’est le corps qui fait ce patient travail.
Alexandra tient son
ventre au chaud avec ses mains et son sourire en dit long.
—
J’ai surtout apprécié la décongestion
de mes intestins, me dit-elle. J’ai la sensation d’être détendue et de profiter
de la m…assothérapie jusqu’au cou.