Je viens d'établir un record
mondial de huit minutes et dix secondes consécutives, en massant mon petit-fils
de cinq ans, Samuel. Vous savez comment je m'y suis pris? En lui disant toutes
les trente secondes, Ok, c'est fini. « Non, non, encore me réclame-t-il.
Comment ça s'appelle ce que tu touches? » - L'omoplate. « Et si tu ne
pèses pas dessus, l'omoplate est-elle ronde? » - Non, elle reste plate!
Il faut comprendre qu'au-delà de la bonne volonté et de bonnes paroles, trop souvent l'attitude de notre société, prescrit l'interdiction de se toucher, de permettre de s'attarder à son corps. Nous avons culturellement tendance à associer le plaisir de jouer, avec un jouet, un article de sport, ou un objet usuel pour démontrer son adresse. Dès le plus jeune âge, ce sont des raisons culturelles qui mènent au surmenage et à l’épuisement. En cherchant des ressources extérieures pour occuper son corps, ou son esprit, alors que la considération de nos propres ressources, nous permet d’entretenir sa force créatrice et la confiance en soi. Oui, le jeune enfant mesure sa sensitivité et le langage de son corps et découvre ou confirme les liens entre ses tensions, ses peines et ses joies, sa détente et son mieux-être. Le massage ici, n’est qu’un jeu qui permet par des gestes tactiles et ses répercussions, une meilleure maturation du système nerveux et contribue subtilement au développement physique, affectif et intellectuel.
Chaque seconde de silence
permet aux neurones de Samuel, de faire pétiller son imaginaire. « C’est
une bonne idée de mettre sa tête dans un trou, comme ça, Pinocchio et Spiderman
peuvent se faire masser » me dit-il. Pinocchio ou Donald Duck, je
comprends, mais pourquoi Spiderman? « Parce que, quand il a de la misère à
respirer, il a des fils d’araignée qui le collent partout. » C’est vrai
qu’avec un bon massage il se calmerait le gros nerf. « Est-ce que c’est le
gros nerf qui fait des fils d’araignée ? » À bien y penser, je crois qu’un
gros nerf tendu doit produire des fils d’araignée dans le cerveau. Si bien
qu’en massant sa tête, ça le soulagerait. -« Oui, mais si tu masses tout
son corps, qu’est-ce que ça fait? » Ça lui donnerait plein d’énergie,
comme s’il était plein de vitamines! -« C’est ce que tu m’as dit tantôt,
quand tu m’as servi de la crème glacée. » Oui mon petit-fiston, le massage
va te rendre fort et en bonne santé. – « Oui mais moi grand-papa j’aime
mieux la crème glacée ! »
Cet article a été publié la première fois en 2007 dans La Gazette des
thérapeutes
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