Au même titre que lire
l’encyclopédie médicale peut vous donner l’impression que vous avez toutes les
maladies, consultez un programme thérapeutique peut vous donner l’impression de
sa nécessité. La culture du développement personnel engendre l’échec. Comme
notre quête est constante, on risque de se considérer comme un éternel
thérapeutisé !
Que penser de notre moderne obsession à nous connaître, comme si la connaissance de soi conduisait au bonheur ? La vie n’est pas une maladie dont on devrait guérir. Toute épreuve ne devient pas nécessairement un traumatisme. On devrait se défaire de ces conceptions handicapantes de l’être qui sont en soi maladives.
Autrefois, on nous disait que nous étions des pécheurs, des humains faillibles, on nous indiquait les voies de repentance, la confession et le bonnes actions ; on nous proposait un idéal, un modèle de sainteté. Aujourd’hui, les tuniques blanches ont remplacé les soutanes, mais empruntent le même discours. Il y a une faille originelle dans ce que vous êtes. Tout est tension, quand on s’écoute grandir. Les traumatismes geignent et se crispent. Mais le salut existe : la thérapie vous offre la guérison et l’absolution en prime. Louable objectif, mais changement signifie-t-il amélioration ? Combien de nos psycho-technologies, de nos quelques 300 types de thérapies cherchent à faire de nous ce que nous ne pouvons pas être ?
L’interprétation
traumatique de la petite enfance a si bien envahi la théorie psychologique de
la personnalité et ses développements divers qu’elle a d’ores et déjà contaminé
nos souvenirs comme le langage de récits autobiographiques. Nous souffrons
moins des traumatismes de l’enfance que de la façon traumatisante dont la
mémoire refaçonne l’enfance en une suite de catastrophes contingentes auxquelles
nous faisons porter la responsabilité de nos travers et de nos carences.
On se rend compte que la psychologie a refoulé la notion d’âme et qu’on nous a volé notre véritable biographie, c’est-à-dire l’essence de ce que nous sommes. C’est ce refoulement de l’âme qui cause notre tourment, car il entraîne une perte de sentiment individuel que notre destiné à un sens. Et c’est pour retrouver notre destin, notre image primordiale que nous recourons à la thérapie. Comment se découvrir si le parcours est prédéfini ?
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