Marie-José
préfère se faire masser par un homme. Plusieurs femmes se félicitent d'avoir
persévéré à trouver le massothérapeute qui leur correspond. Est-ce la quête de l'énergie yang, la main
paternelle, ou le toucher protecteur? Marie-José comprend qu'elle ne veut pas
tromper son spleen ou sa fatigue par des soins qui les ramènent au miroir du
féminin imposé. "Je n'abandonne plus ma recherche de bien-être, aux
marchands de guides sur le bonheur prédigéré ou les potions de l'herberie tout
crin" me confie-t-elle. Cécile
explique qu'elle ne comble pas une grosse fatigue ou un dérapage par de la
psychologie en kit, c'est-à-dire le prêt-à-comprendre pour la femme en panne.
Ce n'est pas une affaire de génération, bon nombre de femmes sont intolérantes
aux remèdes placébelles (féminin prescrit de placebo) comme aux soins
esthétiques superfétatoires. Doit-on percevoir, le comportement féminin qui
pousse aux achats compulsifs d'une deuxième peau, comme une voie d'évitement à
sa vraie nature ?
Il
y a bien des façons de penser à soi. Essayer une nouvelle coiffure, risquer une
manucure flamboyante, souffrir l'acupuncture vaudoue ou une épilation
intégrale, gloser une chronique astrologique débonnaire…des douceurs éphémères
qui parviennent à distraire tout au plus. Il y a aussi, investir dans une
machine à marcher, pareille à une prisonnière de ces fictives obligations, sur
un plancher qui roule, comme une souris de laboratoire. Il y a l'engagement
obstiné au gymnase à la mode, comme si on pouvait s'abonner à la santé !
Pourtant, penser à soi dans le sens de s'investir, c'est se donner du temps et
de l'espace pour laisser émaner et considérer ses besoins fondamentaux.
S'agit-il
d‘espérance ou de confiance en soi ? Pour vivre à l'épreuve de la maladie, il
faut entre autre vivre à l'épreuve des superstitions et des fausses
convictions. Il faut surtout, Être, à
l'épreuve des pièges de la fatigue. Entre autres, le piège de motiver ses
activités par la culpabilité et la crainte. Cette introspection débarrassée de
l'obligation de paraître, de bien faire les choses, d'évaluer, de comparer. Ce
"Yin" qui entre en relation avec ses propres états d'âme. Vous êtes,
sitôt devenue, la meilleure personne à vous indiquer le chemin à suivre, à vous
dire la bonne aventure, à vous révéler. Et puis il y a l'énergie
"Yang", celle du donneur, silencieuse, qui saisit et réplique sur
toutes les tensions à désamorcer. Massage qui rassure, massage qui épanouit.
Puis à chaque étape, une barrière qui disparaît.
Bien
sûr, ce n'est qu'une métaphore. La rencontre de deux
individualités est comme le contact de deux substances chimiques, si une
réaction se produit, les deux sont convertis voire renouvelés par un réel
courant d'énergie positive. Que
l'on soit homme ou femme, nous souhaitons recevoir une attention et une énergie
supplétive, selon sa nature. Cécile a réussi à reprogrammer, il y a quelques
années, la signification du mot "recevoir". Il désignait encore, être
une hôtesse consciencieuse, en l'occurrence accomplir pour les autres.
Maintenant, recevoir, veut dire penser à soi. Pas comme quelqu'un qui se
contente de le déclarer ou d'attaquer des programmes trop ambitieux, mais
plutôt, comme quelqu'un qui poursuit une quête agréable d'émancipation du corps
à travers une libération des tensions et des émotions. Pourquoi pas un masseur
?
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