LARMES DE BIEN-ÊTRE

  Ça commence souvent au massage du ventre. L’inspiration est plus lente, plus profonde. C’est souvent là que la larme s’échappe comme une goutte d’eau qui fait déborder l’âme. Une larme émotionnelle générée par la joie ou la tristesse. Ces larmes psychiques contiennent des hormones et des protéines absentes chez les larmes  basales ou réflexes. Toutes ces larmes sont salines et contiennent des enzymes, lipides, métabolites et électrolytes qui sont faits de trois couches :

Une couche interne mucinique qui préserve la larme attachée à l’œil. Une couche intermédiaire aqueuse (la plus épaisse) qui hydrate l’œil, repousse les bactéries et protège la cornée. Une couche extérieure lipidique qui préserve la surface de l’œil lisse, afin d’y voir à travers et d’éviter que d’autres couches s’évaporent.

  Les yeux pleurent pour éliminer des substances irritantes et nuisibles, telles que la fumée, les corps ou particules étrangers. Les larmes lubrifient, nourrissent et protègent constamment la cornée. La composition des larmes évacuées à la suite d’une émotion est très différente des larmes créées en permanence ou des larmes-réflexes. Le message nerveux qui provoque les larmes entraîne également la production d’antalgiques naturels. On retrouve également dans ce type de larmes les molécules responsables du stress ou des toxines apparues sous l’effet du stress. Les émotions agissent sur les glandes lacrymales par l'intermédiaire du système limbique. Cela a été rendu possible par une mutation génétique aléatoire qui s'est produite dans l'espèce humaine il y a des centaines de milliers d'années et qui a fait que le système limbique – centre fonctionnel des émotions – s'est connecté aux glandes lacrymales. Lorsqu’une grande quantité de larmes émotionnelles est produite, le système de drainage lacrymal peut connaître une saturation, ce qui fait que les larmes coulent des yeux et roulent sur les joues.

  On dira alors que le système lacrymal est intelligent et change la quantité de larmes sécrétées en fonction de l'environnement.

  Lorsqu’on a trouvé les mains qui communiquent bien avec nous, notre corps s’abandonne au massage. La respiration devient profonde, on s’installe confortablement dans l’instant présent. Les muscles se détendent et le système nerveux lâche prise. Le corps devient souverain. Les neurones sensoriels s’expriment. Sous le coup d'une émotion qu'on ne peut parvenir à verbaliser, les larmes parlent. Le fait de pleurer fait faire des mouvements qui font aussi travailler des muscles qui sont habituellement peu mobilisés, comme ceux du menton, de la poitrine ou de l'intérieur de la gorge, parce que le système nerveux parasympathique, appartenant au système nerveux autonome est destiné à tempérer les fonctions neurologiques inconscientes du corps. Il rejoint le nerf maxillaire supérieur puis le nerf lacrymal qui mène à la glande lacrymale. Ce phénomène entraîne la libération d’hormones qui vont provoquer l'accélération du rythme cardiaque, la dilatation des vaisseaux sanguins et la production d'énergie à partir de glucose et d'acide gras. Une douleur, une contrariété, un fou rire peuvent déclencher des larmes. Une simple caresse provoque cette alchimie biologique. Et cela commence dès notre naissance.